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Une dernière
photo des moniteurs en train de pique-niquer. Salut,
derniers beaux jours
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Et puis, un jour,
ce fut la fin. Ma dernière saison à la Croix-Rouge
du Clos-Salembier se termina le 31 août 1957. Le 5 mai
1958, je rejoignis l'armée, base de la Sénia à
Oran, pour effectuer mes classes. (au C.I. : Centre
d'instruction). Affecté au groupe de bombardement 2/91, "
Guyenne ", je retrouvai là Yvon, un garçon de
la Croix-Rouge, et un autre encore qui logeait dans le bâtiment
face au nôtre.
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Nous ne parlâmes
plus beaucoup du Clos-Salembier parce que c'était la
guerre, que nous avions d'autres préoccupations telles que
les exercices militaires et le parcours du combattant.
Nous n'avions plus la joie au cœur. La guerre, les hommes
politiques l'ont perdue quatre ans plus tard et de l'état
de guerriers nous sommes devenus des victimes de la
guerre.
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Il faut à
un homme, je le sais aujourd'hui, des années et des années
pour se remettre d'une grave défaite. L'être humain
peut, je crois, surmonter la ruine et la misère et oublier
qu'il a bu l'eau sale du caniveau. Il ne se console jamais de la
perte de ses racines.
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Parfois, pourtant,
lorsque le sommeil refuse de me prendre et alors que la nuit est
totale, je sens l'odeur des lentisques du parc Frédéric-Lung
mêlée à l'odeur des cuisines de Tounsi. Je
pense aux petits autochtones que je tenais par la main et
qui ont dû, pendant tous les jours des mois de vacances
1962, regarder, du haut de la colline du Clos-Salembier, partir
les bateaux qui emportaient à tout jamais les enfants
français avec lesquels ils avaient joué, les
moniteurs français aussi qui avaient veillé sur
eux. Et des bateaux et des bateaux surchargés glissaient
alors vers un pays qui avait été la métropole
de l'Algérie. Ont-ils souri, ces petits autochtones ?
Ont-ils pleuré ? Ont-ils seulement pensé à
nous ?
J'écris toujours le même roman. Je relis
la même page et je ne m'en lasse pas.
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Photo de journal .
Souvenez-vous, c'était en 1962.
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